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deux ans de vacances.

XIX

Le mât de signaux. – Grands froids. – Le flamant. – Le pâturage. – Adresse de Jacques. – Désobéissance de Doniphan et de Cross. – Le brouillard. – Jacques dans les brumes. – Les coups de canon de French-den. – Les points noirs. – Attitude de Doniphan.


Ce que ses compagnons avaient voulu en portant leur choix sur Briant, c’était rendre justice à son caractère serviable, au courage dont il faisait preuve en toutes les occasions d’où dépendait le sort de la colonie, à son infatigable dévouement pour l’intérêt général. Depuis le jour où il avait, pour ainsi dire, pris le commandement du schooner, pendant cette traversée de la Nouvelle-Zélande à l’île Chairman, il n’avait jamais reculé devant le danger ou la peine. Quoiqu’il fût d’une nationalité différente, tous l’aimaient, grands et petits, – ces derniers principalement, dont il s’était incessamment occupé avec tant de zèle, et qui avaient unanimement voté pour lui. Seuls, Doniphan, Cross, Wilcox et Webb se refusaient à reconnaître les qualités de Briant ; mais, au fond, ils savaient parfaitement qu’ils étaient injustes envers le plus méritant de leurs camarades.

Bien qu’il prévît que ce choix accentuerait encore la dissidence qui existait déjà, bien qu’il pût craindre que Doniphan et ses partisans ne prissent quelque résolution regrettable, Gordon ne ménagea pas ses félicitations à Briant. D’une part, il avait l’esprit trop équitable pour ne point approuver le choix qui avait été fait, et de l’autre, il préférait n’avoir plus à s’occuper que de la comptabilité de French-den.