Page:Verne - Deux Ans de vacances, Hetzel, 1909.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
deux ans de vacances.

discussion dans laquelle Briant et Doniphan furent encore aux prises.

En effet, Doniphan, Wilcox, Webb et Cross, après s’être emparés de la yole, se préparaient à la lancer par-dessus bord, lorsque Briant vint à eux.

« Que voulez-vous faire ?… demanda-t-il.

— Ce qui nous convient !… répondit Wilcox.

— Vous embarquer dans ce canot ?…

— Oui, répliqua Doniphan, et ce ne sera pas toi qui nous en empêcheras !

— Ce sera moi, reprit Briant, moi et tous ceux que tu veux abandonner !…

— Abandonner ?… Où vois-tu cela ? répondit Doniphan avec hauteur. Je ne veux abandonner personne, entends-tu !… Une fois à la grève, l’un de nous ramènera la yole…

— Et si elle ne peut revenir, s’écria Briant qui ne se contenait pas sans peine, et si elle se crève sur ces roches…

— Embarquons !… Embarquons ! » répondit Webb, qui venait de repousser Briant.

Puis, aidé de Wilcox et de Cross, il souleva l’embarcation afin de l’envoyer à la mer.

Briant la saisit par un de ses bouts.

« Vous n’embarquerez pas ! dit-il.

— C’est ce que nous verrons ! répondit Doniphan.

— Vous n’embarquerez pas ! répéta Briant, bien décidé à résister dans l’intérêt commun. La yole doit être réservée d’abord aux plus petits, s’il reste trop d’eau à mer basse pour que l’on puisse gagner la grève…

— Laisse-nous tranquille ! s’écria Doniphan que la colère emportait. Je te le répète, Briant, ce n’est pas toi qui nous empêcheras de faire ce que nous voulons !

— Et je te répète, s’écria Briant, que ce sera moi, Doniphan ! »

Les deux jeunes garçons étaient prêts à s’élancer l’un sur l’autre.