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deux ans de vacances.

— Il m’a traité de menteur !… dit Doniphan.

— Après qu’il m’a accusé de tricher et appelé lâche ! » répondit Briant.

En ce moment, tous s’étaient rassemblés autour de Gordon, tandis que les deux adversaires avaient fait quelques pas en arrière, Briant les bras croisés, Doniphan dans l’attitude du boxeur.

« Doniphan, dit alors Gordon d’une voix sévère, je connais Briant !… Ce n’est pas lui qui a dû te chercher querelle !… C’est toi qui as eu les premiers torts !…

— Vraiment, Gordon ! répliqua Doniphan. Je te reconnais bien là !… Toujours prêt à prendre parti contre moi !

— Oui… quand tu le mérites ! répondit Gordon.

— Soit ! reprit Doniphan. Mais que les torts viennent de Briant ou de moi, si Briant refuse de se battre, il sera un lâche.

— Et toi, Doniphan, répondit Gordon, tu es un méchant garçon, qui donne un exemple détestable à tes camarades ! Quoi ! dans la grave situation où nous sommes, l’un de nous ne cherche qu’à pousser à la désunion ! Il faut qu’il s’en prenne sans cesse au meilleur de tous !…

— Briant, remercie Gordon ! s’écria Doniphan. Et, maintenant, en garde !

— Eh bien, non ! s’écria Gordon. Moi, votre chef, je m’oppose à toute scène de violence entre vous ! Briant, rentre à French-den ! Quant à toi, Doniphan, va passer ta colère où tu voudras, et ne reparais que lorsque tu seras en état de comprendre qu’en te donnant tort, je n’ai fait que mon devoir !

— Oui !… Oui !… s’écrièrent les autres – moins Webb, Wilcox et Cross. Hurrah pour Gordon !… Hurrah pour Briant ! »

Devant cette presque unanimité, il n’y avait plus qu’à obéir. Briant rentra dans le hall, et le soir, lorsque Doniphan revint à l’heure du coucher, il ne manifesta plus aucune velléité de donner suite à cette affaire. Toutefois, on sentait bien qu’une sourde rancune couvait en lui, que son inimitié contre Briant avait grandi encore, et qu’il n’ou-