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deux ans de vacances.

— Menti ! » s’écria Doniphan, qui s’approcha lentement de son camarade.

Webb et Cross s’étaient rangés derrière lui, afin de le soutenir, tandis que Service et Baxter se tenaient prêts à assister Briant, s’il y avait lutte.

Doniphan avait pris l’attitude du boxeur, sa jaquette enlevée, ses manches retroussées jusqu’au coude, son mouchoir roulé autour de son poignet.

Briant, qui avait recouvré son sang-froid, restait immobile, comme s’il eût répugné à se battre avec un de ses camarades, à donner un pareil exemple à la petite colonie.

« Tu as eu tort de m’injurier, Doniphan, dit-il, et maintenant tu as tort de me provoquer !…

— En effet, répondit Doniphan du ton du plus profond mépris, on a toujours tort de provoquer ceux qui ne savent pas répondre aux provocations !

— Si je n’y réponds pas, dit Briant, c’est qu’il ne me convient pas d’y répondre !…

— Si tu n’y réponds pas, riposta Doniphan, c’est parce que tu as peur !

— Peur !… moi !…

— C’est que tu es un lâche ! »

Briant, ayant relevé ses manches, se porta résolument sur Doniphan. Les deux adversaires étaient maintenant en posture, l’un en face de l’autre.

Chez les Anglais, et même dans les pensions anglaises, la boxe fait, pour ainsi dire, partie de l’éducation. On a d’ailleurs remarqué que les jeunes garçons, habiles à cet exercice, montrent plus de douceur et de patience que les autres, et ne cherchent pas querelle à tout propos.

Briant, lui, en sa qualité de Français, n’avait jamais eu de goût pour cet échange de coups de poings qui prennent uniquement la figure pour cible. Il se trouvait donc dans un état d’infériorité vis-à-vis de