En effet, si la rondelle que Briant allait lancer – c’était à son tour de jouer – ne se fichait pas dans le hob, la partie serait perdue pour son camp, car il était presque impossible de la mettre plus près que ne l’avait fait Doniphan.
« Vise bien !… Vise bien ! » s’écria Service.
Briant ne répondit pas, ne songeant point à être désagréable à Doniphan. Il ne voulait qu’une chose : assurer le gain de la partie, encore plus pour ses camarades que pour lui-même.
Il se mit donc en position, et envoya si adroitement son quoit que celui-ci vint s’ajuster dans le hob.
« Sept points ! s’écria triomphalement Service. Gagnée la partie, gagnée ! »
Doniphan venait de s’avancer vivement.
« Non !… La partie n’est pas gagnée ! dit-il.
— Et pourquoi ? demanda Baxter.
— Parce que Briant a triché !
— Triché ? répondit Briant, dont le visage pâlit sous cette accusation.
— Oui !… triché ! reprit Doniphan. Briant n’avait pas ses pieds sur la ligne où ils devaient être !… Il s’était rapproché de deux pas !
— C’est faux ! s’écria Service.
— Oui, faux ! répondit Briant. En admettant même que ce fût vrai, ce n’aurait jamais été qu’une erreur de ma part, et je ne souffrirai pas que Doniphan m’accuse d’avoir triché !
— Vraiment !… Tu ne souffrirais pas ?… dit Doniphan en haussant les épaules.
— Non, répondit Briant, qui commençait à ne plus être maître de lui. Et d’abord je prouverai que mes pieds étaient exactement placés sur la ligne…
— Oui !… Oui !… s’écrièrent Baxter et Service.
— Non !… Non !… ripostèrent Webb et Cross.
— Voyez l’empreinte de mes souliers sur le sable ! reprit Briant. Et, comme Doniphan n’a pu s’y tromper, je lui dirai moi qu’il en a menti !