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deux ans de vacances.

faisait sentir et les bouillonnements du ressac commençaient à s’apaiser. Ainsi il devenait donc aisé de noter la décroissance des eaux le long des pointes émergeantes. D’ailleurs, le schooner ressentait les effets de cette décroissance en donnant une bande plus accentuée sur bâbord. Il était même à craindre, si son inclinaison augmentait, qu’il se couchât sur le flanc, car il était très fin de formes, ayant les varangues relevées et une grande hauteur de quille, comme les yachts de haute marche. Dans ce cas, si l’eau envahissait son pont avant qu’on eût pu le quitter, la situation serait extrêmement grave.

Combien il était regrettable que les canots eussent été emportés pendant la tempête ! Avec ces embarcations, capables de les contenir tous, Briant et ses camarades auraient pu dès à présent tenter d’atteindre la côte. Puis, quelle facilité pour établir une communication entre le littoral et le schooner, pour transporter tant d’objets utiles qu’il faudrait momentanément laisser à bord ! Et, la nuit prochaine, si le Sloughi se fracassait, que vaudraient ses épaves, lorsque le ressac les aurait roulées à travers les récifs ? Pourrait-on les utiliser encore ? Ce qui resterait des approvisionnements ne serait-il pas absolument avarié ? Les jeunes naufragés ne seraient-ils pas bientôt réduits aux seules ressources de cette terre ?

C’était une bien fâcheuse circonstance qu’il n’y eût plus d’embarcation pour opérer le sauvetage !

Soudain, des cris éclatèrent à l’avant. Baxter venait de faire une découverte qui avait son importance.

La yole du schooner, que l’on croyait perdue, se trouvait engagée entre les sous-barbes du beaupré. Cette yole, il est vrai, ne pouvait porter que cinq à six personnes ; mais, comme elle était intacte – ce qui fut constaté lorsqu’on l’eut rentrée sur le pont – il ne serait pas impossible de l’utiliser dans le cas où la mer ne permettrait pas de franchir les brisants à pied sec. Il convenait par suite d’attendre que la marée fût à son plus bas, et, cependant, il s’ensuivit une vive