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deux ans de vacances.

— C’est ainsi que nous procéderons demain, Moko. Mieux vaut passer la nuit en cet endroit. Puis, dès la pointe du jour, nous laisserons dériver la yole, ce qui nous permettra de reconnaître la contrée sur les deux bords du rio.

— Débarquons-nous ?… demanda Jacques.

— Sans doute, répondit Briant, et nous camperons à l’abri des arbres. »

Briant, Moko et Jacques sautèrent sur la berge, qui formait le fond d’une petite crique. Après que la yole eut été solidement amarrée à une souche, ils en retirèrent les armes et les provisions. Un feu de bois sec fut allumé au pied d’un gros chêne-vert. On soupa de biscuit et de viande froide, on étendit les couvertures sur le sol, et à ces jeunes garçons il n’en fallait pas davantage pour dormir d’un bon sommeil. À tout événement, les armes avaient été chargées ; mais, si quelques hurlements se firent entendre après la tombée du soir, la nuit s’acheva sans alerte.

« Allons, en route ! » s’écria Briant, qui se réveilla le premier, dès six heures du matin.

En quelques minutes, tous les trois eurent repris place dans la yole et se laissèrent aller au courant du rio.

Ce courant était assez fort – la marée descendait depuis une demi-heure déjà – pour qu’il ne fût pas nécessaire de recourir aux avirons. Aussi, Briant et Jacques s’étaient-ils assis à l’avant de la yole, tandis que Moko, installé à l’arrière, se servait de l’une des rames comme d’une godille, afin de maintenir la légère embarcation dans le fil des eaux.

« Il est probable, dit-il, qu’une marée suffira pour nous porter jusqu’à la mer, si l’East-river n’a guère que de cinq à six milles, car son courant est plus rapide que celui du rio Zealand.

— C’est à souhaiter, répondit Briant. En revenant nous aurons besoin, je pense, de deux ou trois marées…

— En effet, monsieur Briant, et, si vous le voulez, nous repartirons sans nous attarder…