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deux ans de vacances.

Moko étant à l’arrière, Briant au milieu, Jacques s’était placé à l’avant, au pied du mât. Pendant une heure, les hautes crêtes d’Auckland-hill leur restèrent en vue, puis s’abaissèrent sous l’horizon. Cependant la rive opposée du lac ne se relevait pas encore, bien qu’elle ne pût être éloignée. Malheureusement, comme il arrive d’ordinaire lorsque le soleil a acquis de la force, le vent marqua une tendance à mollir, et, vers midi, ne se manifesta plus que par quelques volées capricieuses.

« Il est fâcheux, dit Briant, que la brise n’ait pas tenu toute la journée !…

— Ce serait bien plus fâcheux, monsieur Briant, répondit Moko, si elle était devenue contraire !

— Tu es philosophe, Moko !

— Je ne sais pas ce que vous entendez par ce mot-là, répondit le mousse. Pour moi, quoi qu’il arrive, j’ai l’habitude de ne jamais me dépiter !

— Eh bien, c’est précisément de la philosophie !

— Va pour la philosophie, et mettons-nous aux avirons, monsieur Briant. Il est à désirer que nous ayons atteint l’autre rive avant la nuit. Après tout, si nous n’y parvenions pas, il n’y aurait qu’à se résigner.

— Comme tu dis, Moko. Je vais prendre un aviron, toi l’autre, et Jacques se mettra à la barre.

— C’est cela, répliqua le mousse. Si monsieur Jacques gouverne bien, nous ferons bonne route.

— Tu me diras comment manœuvrer, Moko, répondit Jacques, et je suivrai de mon mieux tes indications. »

Moko amena la voile qui ne battait même plus, car le vent était absolument tombé. Les trois jeunes garçons se hâtèrent de manger un morceau. Après quoi, le mousse se plaça à l’avant, tandis que Jacques venait s’asseoir à l’arrière, Briant restant au milieu. La yole, vigoureusement enlevée, se dirigea en obliquant un peu vers le nord-est, d’après la boussole.

L’embarcation se trouvait alors au centre de cette vaste étendue