Page:Verne - Deux Ans de vacances, Hetzel, 1909.djvu/278

Cette page a été validée par deux contributeurs.
262
deux ans de vacances.

— Moi, Gordon, puisque je n’ai point fait partie de l’expédition au nord du lac. C’est à mon tour de me rendre utile… et je réclame…

— Utile ! s’écria Gordon. Eh ! ne nous as-tu pas déjà rendu mille services, mon cher Briant ? Ne t’es-tu pas dévoué plus que tout autre ? Ne te devons-nous pas de la reconnaissance ?

— Allons donc, Gordon ! Nous avons tous fait notre devoir ! – Voyons, est-ce convenu ?

— C’est convenu, Briant. Qui prendras-tu comme troisième compagnon de route ? Je ne te proposerai pas Doniphan, puisque vous n’êtes pas bien ensemble…

— Oh ! je l’accepterais volontiers ! répondit Briant. Doniphan n’a pas mauvais cœur, il est brave, il est adroit, et, n’était son caractère jaloux, ce serait un excellent camarade. D’ailleurs, peu à peu, il se réformera, quand il aura compris que je ne cherche point à me mettre ni en avant ni au-dessus de personne, et nous deviendrons, j’en suis sûr, les meilleurs amis du monde. Mais j’ai songé à un autre compagnon de voyage.

— Lequel ?…

— Mon frère Jacques, répondit Briant. Son état m’inquiète de plus en plus. Évidemment, il a quelque chose de grave à se reprocher qu’il ne veut pas dire. Peut-être, pendant cette excursion, se trouvant seul avec moi…

— Tu as raison, Briant. Emmène Jacques, et, dès aujourd’hui, commence tes préparatifs de départ.

— Ce ne sera pas long, répondit Briant, car notre absence ne durera pas plus de deux ou trois jours. »

Le jour même, Gordon fit part de l’expédition projetée. Doniphan se montra très dépité de ne pas en être, et, comme il s’en plaignit à Gordon, celui-ci lui fit comprendre que, dans les conditions où elle allait se faire, cette expédition n’exigeait que trois personnes, que Briant en ayant eu l’idée, il lui appartenait de la mettre à exécution, etc.

« Enfin, répondit Doniphan, il n’y en a que pour lui, n’est-ce pas, Gordon ?