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deux ans de vacances.

Pendant cette période, on doit le reconnaître, leur situation s’était peu à peu améliorée. Il semblait même qu’ils fussent désormais assurés de subvenir à tous les besoins de la vie matérielle. Mais c’était toujours l’abandon sur une terre inconnue ! Les secours du dehors – les seuls qu’ils pussent espérer – arriveraient-ils enfin, et arriveraient-ils avant l’achèvement de la belle saison ? La colonie serait-elle condamnée à subir les rigueurs d’un second hiver antarctique ? Jusqu’ici, à la vérité, la maladie ne l’avait point éprouvée. Tous, petits et grands, s’étaient aussi bien portés que possible. Grâce à la prudence de Gordon, qui y tenait la main – ce qui ne laissait pas de provoquer parfois des récriminations contre sa sévérité – aucune imprudence, aucun excès, n’avaient été commis. Pourtant ne fallait-il pas compter avec les affections auxquelles n’échappent que rarement les enfants de cet âge, particulièrement les plus jeunes ? En somme, si le présent était acceptable, l’avenir restait toujours gros d’inquiétudes. À tout prix – et c’est à quoi Briant songeait sans cesse – il eût voulu quitter l’île Chairman ! Or, avec l’unique embarcation que l’on possédait, avec cette frêle yole, comment se hasarder à entreprendre une traversée qui pouvait être longue, si l’île n’appartenait pas à un des groupes du Pacifique, ou si le continent le plus voisin se trouvait à quelques centaines de milles ? Lors même que deux ou trois des plus hardis se fussent dévoués pour aller chercher une terre dans l’est, que de chances il y avait pour qu’ils ne parvinssent pas à l’atteindre ! Quant à construire un navire assez grand pour traverser ces parages du Pacifique, le pouvaient-ils ? Non, assurément ! Cela était au-dessus de leurs forces, et Briant ne savait qu’imaginer pour le salut de tous !

Donc attendre, attendre encore, et travailler à rendre plus confortable l’installation de French-den, il n’y avait que cela à faire. Puis, sinon cet été, parce que la besogne pressait en prévision de la saison des froids, du moins l’été prochain, les jeunes colons achèveraient de reconnaître entièrement leur île.

Chacun se mit résolument à l’ouvrage. L’expérience avait montré ce