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deux ans de vacances.

que celui-ci était Français, de jeunes Anglais devaient être peu enclins à subir sa domination.

Il était donc à craindre que ces dispositions n’accrussent la gravité d’une situation déjà si inquiétante.

Cependant Doniphan, Wilcox, Cross et Webb regardaient cette nappe d’écume, semée de tourbillons, sillonnée de courants, qui paraissait très dangereuse à traverser. Le plus habile nageur n’eût pas résisté au ressac de la marée descendante que le vent prenait à revers. Le conseil d’attendre quelques heures n’était donc que trop justifié. Il fallut bien que Doniphan et ses camarades se rendissent à l’évidence, et, finalement, ils revinrent à l’arrière où se tenaient les plus jeunes.

Briant disait alors à Gordon et à quelques-uns de ceux qui l’entouraient :

« À aucun prix ne nous séparons pas !… Restons ensemble, ou nous sommes perdus !…

— Tu ne prétends pas nous faire la loi ! s’écria Doniphan, qui venait de l’entendre.

— Je ne prétends rien, répondit Briant, si ce n’est qu’il faut agir de concert pour le salut de tous !

— Briant a raison ! ajouta Gordon, garçon froid et sérieux, qui ne parlait jamais sans avoir bien réfléchi.

— Oui !… oui !… » s’écrièrent deux ou trois des petits qu’un secret instinct portait à se rapprocher de Briant.

Doniphan ne répliqua pas ; mais ses camarades et lui persistèrent à se tenir à l’écart, en attendant l’heure de procéder au sauvetage.

Et maintenant, quelle était cette terre ? Appartenait-elle à l’une des îles de l’Océan Pacifique ou à quelque continent ? Cette question ne pouvait être résolue, attendu que le Sloughi se trouvait trop rapproché du littoral pour qu’il fût permis de l’observer sur un périmètre suffisant. Sa concavité, formant une large baie, se terminait par deux promontoires, l’un assez élevé et coupé à pic vers le nord,