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deux ans de vacances.

de mille oiseaux de proie, busards ou faucons, qui, venus de l’intérieur de l’île, s’acharnaient sur les débris des phoques, dont il ne resterait bientôt plus trace.

Après un dernier salut envoyé au drapeau du Royaume-Uni, qui flottait sur la crête d’Auckland-hill, après un dernier coup d’œil jeté vers l’horizon du Pacifique, la petite troupe se mit en marche en remontant la rive droite du Zealand.

Le retour ne fut marqué par aucun incident. Malgré les difficultés de la route, les guanaques firent si bien leur office, les grands les aidèrent si à propos dans les passages difficiles, que tous étaient rentrés à French-den avant six heures du soir.

Le lendemain et jours suivants furent consacrés aux travaux habituels. On fit l’essai de l’huile de phoque dans les lampes des fanaux, et il fut constaté que la lumière qu’elle donna, quoique de qualité assez médiocre, suffirait à l’éclairage du hall et de Store-room. Donc, plus à craindre d’être plongé dans l’obscurité durant les longs mois d’hiver.

Cependant, le Christmas, si joyeusement fêté chez les Anglo-Saxons, le jour de Noël, approchait. Gordon voulut, non sans raison, qu’il fût célébré avec une certaine solennité. Ce serait comme un souvenir adressé au pays perdu, comme un envoi du cœur vers des familles absentes ! Ah ! si tous ces enfants avaient pu se faire entendre, comme ils auraient crié : « Nous sommes là… tous ! vivants, bien vivants… Vous nous reverrez !… Dieu nous ramènera vers vous ! » Oui !… Eux pouvaient encore garder un espoir que leurs parents n’avaient plus là-bas, à Auckland – l’espoir de les revoir un jour !

Gordon annonça donc que, les 25 et 26 décembre, il y aurait congé à French-den. Les travaux seraient suspendus pendant ces deux jours. Ce premier Christmas serait, sur l’île Chairman, ce qu’est en divers pays de l’Europe, le premier jour de l’année.

Quel accueil fut fait à cette proposition, on l’imagine aisément ! Il allait de soi que, le 25 décembre il y aurait un festin d’apparat,