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deux ans de vacances.

de Moko - en même temps que Phann, qu’il importait de ne pas lâcher au milieu du troupeau d’amphibies. Ils auraient, d’ailleurs, à veiller sur les deux guanaques, qui se mirent à paître sous les premiers arbres de la forêt.

Toutes les armes à feu de la colonie, fusils et revolvers, avaient été emportées avec des munitions en quantité suffisante, que Gordon n’avait point marchandées, cette fois, car il s’agissait de l’intérêt général.

Couper la retraite aux phoques du côté de la mer, c’est à cela qu’il convenait d’aviser tout d’abord. Doniphan, auquel ses camarades laissèrent volontiers le soin de diriger la manœuvre, les engagea à redescendre le rio jusqu’à son embouchure, en se dissimulant à l’abri de la berge. Puis, cela fait, il serait aisé de filer le long des récifs, de manière à cerner la plage.

Ce plan fut exécuté avec beaucoup de prudence. Les jeunes chasseurs, espacés de trente à quarante pas l’un de l’autre, eurent bientôt formé un demi-cercle entre la grève et la mer.

Alors, à un signal qui fut donné par Doniphan, tous se levèrent à la fois, les détonations éclatèrent simultanément, et chaque coup de feu fit une victime.

Ceux des phoques, qui n’avaient pas été atteints, se redressèrent, agitant leur queue et leurs nageoires. Effrayés surtout par le bruit des détonations, ils se précipitèrent, en bondissant, vers les récifs.

On les poursuivit à coups de revolvers. Doniphan, tout entier à ses instincts, faisait merveille, tandis que ses camarades l’imitaient de leur mieux.

Ce massacre ne dura que quelques minutes, bien que les amphibies eussent été traqués jusqu’à l’accore des dernières roches. Au-delà, les survivants disparurent, abandonnant une vingtaine de tués ou de blessés sur la grève.

L’expédition avait pleinement réussi, et les chasseurs, revenus au campement, s’installèrent sous les arbres, de manière à pouvoir y passer trente-six heures.