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deux ans de vacances.

pas très vite, c’est que le sol inégal de la rive droite du rio Zealand ne se prêtait que très imparfaitement à la traction des guanaques. Mais, où cela devint assez difficile, ce fut lorsque la petite troupe contourna la fondrière de Bog-woods, entre les arbres de la forêt. Les petites jambes de Dole et de Costar s’en ressentirent. Aussi Gordon, à la demande de Briant, dut-il les autoriser à prendre place sur le chariot, afin de se reposer tout en faisant la route.

Vers huit heures, tandis que l’attelage longeait péniblement les limites de la fondrière, les cris de Cross et de Webb, qui marchaient un peu en avant, firent accourir Doniphan d’abord, puis les autres à sa suite.

Au milieu des vases de Bog-woods, à la distance d’une centaine de pas, se vautrait un énorme animal que le jeune chasseur reconnut aussitôt. C’était un hippopotame, gras et rose, lequel – heureusement pour lui – disparut sous les épais fouillis du marécage, avant qu’il eût été possible de le tirer. À quoi bon, d’ailleurs, un coup de fusil si inutile !

« Qu’est-ce que c’est, cette grosse bête-là ? demanda Dole, assez inquiet rien que pour l’avoir entrevue.

— C’est un hippopotame, lui répondit Gordon.

— Un hippopotame !… Quel drôle de nom !

— C’est comme qui dirait un cheval de fleuve, répondit Briant.

— Mais ça ne ressemble pas à un cheval ! fit très à propos observer Costar.

— Non ! s’écria Service, et m’est avis qu’on eût mieux fait de l’appeler : cochonpotame ! »

Réflexion qui ne manquait pas de justesse et provoqua le joyeux rire des petits.

Il était un peu plus de dix heures du matin, lorsque Gordon déboucha sur la grève de Sloughi-bay. Halte fut faite près de la rive du rio, à l’endroit où avait été établi le premier campement pendant la démolition du yacht.

Une centaine de phoques étaient là, gambadant entre les roches