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deux ans de vacances.

Service, allèrent se poster aux abords d’un « covert » – nom que l’on donne, dans le Royaume-Uni, à de larges espaces de terrain semés de buissons et de broussailles. Ce covert était situé près de Traps-woods, du côté du lac.

Phann n’avait point été invité à se joindre aux chasseurs. Il les eût plutôt gênés en donnant l’éveil aux renards. Il n’était pas question, d’ailleurs, de rechercher une piste. Même quand il est échauffé par la course, le renard ne laisse rien de son fumet après lui, ou, du moins, les émanations en sont si légères que les meilleurs chiens ne peuvent les reconnaître.

Il était onze heures, lorsque Doniphan et ses camarades se mirent à l’affût entre les touffes de bruyère sauvage qui bordaient le covert.

La nuit était très sombre.

Un profond silence que ne troublait même pas le plus léger souffle de brise, permettrait d’entendre le glissement des renards sur les herbes sèches.

Un peu après minuit, Doniphan signala l’approche d’une bande de ces animaux qui traversaient le covert pour venir se désaltérer dans le lac.

Les chasseurs attendirent, non sans impatience, qu’ils fussent réunis au nombre d’une vingtaine – ce qui prit un certain temps, car ils ne s’avançaient qu’avec circonspection, comme s’ils eussent pressenti quelque embûche. Soudain, au signal de Doniphan, plusieurs coups de feu retentirent. Tous portèrent. Cinq ou six renards roulèrent sur le sol, tandis que les autres, affolés, s’élançant à droite, à gauche, furent pour la plupart frappés mortellement.

À l’aube, on trouva une dizaine de ces animaux, étendus entre les herbes du covert. Et, comme ce massacre recommença pendant trois nuits consécutives, la petite colonie fut bientôt délivrée de ces visites dangereuses qui mettaient en péril les hôtes de l’enclos. De plus, cela lui valut une cinquantaine de belles peaux d’un gris argenté, qui, soit à l’état de tapis, soit à l’état de vêtements, ajoutèrent au confort de French-den.