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deux ans de vacances.

petite taille, et de ces bernicles qui venaient sans doute des terres, situées au large de l’île.

Doniphan, de son côté, aurait bien voulu explorer la vaste région des South-moors, de l’autre côté du rio Zealand. Mais il eût été dangereux de se hasarder à travers ces marais que recouvraient en grande partie les eaux du lac, mêlées aux eaux de la mer à l’époque des crues.

Wilcox et Webb capturèrent également un certain nombre d’agoutis, gros comme des lièvres, dont la chair blanchâtre, un peu sèche, tient le milieu entre celle du lapin et celle du porc. Certes, il eût été difficile de forcer ces rapides rongeurs à la course – même avec l’aide de Phann. Toutefois, lorsqu’ils se trouvaient au gîte, il suffisait de siffler légèrement pour les attirer à l’orifice et s’en emparer. À différentes reprises encore, les jeunes chasseurs rapportèrent des mouffettes, des gloutons-grisons, des zorillos, à peu près semblables aux martres avec leur belle fourrure noire à raies blanches, mais qui répandaient des émanations fétides.

« Comment peuvent-elles supporter une pareille odeur ? demanda un jour Iverson.

— Bon !… Affaire d’habitude ! » répondit Service.

Si le rio fournissait son contingent de galaxias, Family-lake, peuplé d’espèces plus grandes, donnait, entre autres, de belles truites qui, malgré la cuisson, conservaient un goût un peu saumâtre. On avait toujours, il est vrai, la ressource d’aller pêcher, entre les algues et les fucus de Sloughi-bay, ces sortes de merluches qui s’y réfugiaient par myriades. Et puis, lorsque le moment serait venu où les saumons essayeraient de remonter le cours du rio Zealand, Moko verrait à s’approvisionner de ces poissons, qui, conservés dans le sel, assureraient une excellente nourriture pour la saison d’hiver.

Ce fut à cette époque, sur la demande de Gordon, que Baxter s’occupa de fabriquer des arcs avec d’élastiques branches de frênes, et des flèches de roseaux, armées d’un clou à leur pointe, ce qui