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deux ans de vacances.

— Ce sont probablement des jaguars ou des couguars ! répondit Gordon.

— Les uns et les autres se valent !

— Pas tout à fait, Doniphan, et le couguar est moins dangereux que le jaguar ? Mais, en troupe, ce sont des carnassiers fort redoutables.

— Nous sommes prêts à les recevoir ! » répondit Doniphan.

Et il se mit sur la défensive, tandis que ses camarades s’armaient de leurs revolvers.

« Ne tirez qu’à coup sûr ! recommanda Gordon. Du reste, je pense que le feu empêchera ces animaux de s’approcher…

— Ils ne sont pas loin ! » s’écria Cross.

En effet, la bande devait être assez voisine du campement, à en juger par la fureur de Phann que Gordon retenait, non sans peine. Mais pas moyen de distinguer une forme quelconque à travers la profonde obscurité du bois.

Sans doute, ces fauves avaient l’habitude de venir se désaltérer la nuit en cet endroit. Ayant trouvé la place prise, ils témoignaient leur déplaisir par d’effroyables rugissements. S’en tiendraient-ils là, et n’y aurait-il pas lieu de repousser une agression dont les conséquences pouvaient être graves ?…

Tout à coup, à moins de vingt pas, des points clairs et mouvants apparurent dans l’ombre. Presque aussitôt, une détonation retentit.

Doniphan venait de lâcher un coup de fusil, auquel des rugissements plus violents répondirent. Ses camarades et lui, le revolver tendu, se tenaient prêts à faire feu, si les fauves se précipitaient sur le campement.

Baxter, saisissant alors un brandon enflammé, le lança vigoureusement du côté où avaient apparu ces yeux brillants comme des braises.

Un instant après, les fauves, dont l’un avait dû être atteint par Doniphan, avaient quitté la place et s’étaient perdus dans les profondeurs de Traps-woods.

« Ils ont déguerpi ! s’écria Cross.