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deux ans de vacances.

« winters, » dont l’écorce peut remplacer la cannelle – ce qui permettrait au maître-coq de French-den d’en relever ses sauces.

C’est alors que Gordon reconnut parmi ces végétaux le « pernettia », l’arbre à thé, de la famille des vacciniées, qui se rencontre même sous les hautes latitudes, et dont les feuilles aromatiques donnent par infusion une boisson très salutaire.

« Voilà qui pourra remplacer notre provision de thé ! dit Gordon. Prenons quelques poignées de ces feuilles, et, plus tard, nous reviendrons en récolter pour tout notre hiver ! »

Il était quatre heures environ, lorsque Auckland-hill fut atteinte presque à son extrémité nord. En cet endroit, quoiqu’elle parût un peu moins haute qu’aux environs de French-den, il eût été impossible de gravir son revers qui se dressait verticalement. Peu importait, puisqu’il ne s’agissait que de la suivre en revenant vers le rio Zealand.

Deux milles plus loin, on entendit le murmure d’un torrent qui écumait à travers une étroite gorge de la falaise et qu’il fut facile de traverser à gué un peu en aval.

« Ce doit être le rio que nous avons découvert pendant notre première expédition au lac, fit observer Doniphan.

— Celui, sans doute, que barrait la petite chaussée de pierre ?… demanda Gordon.

— Précisément, répondit Doniphan, et que, pour cette raison, nous avons nommé Dike-creek.

— Eh bien, campons sur sa rive droite, reprit Gordon. Il est déjà cinq heures, et puisqu’il faut encore passer une nuit en plein air, autant le faire près de ce creek et à l’abri des grands arbres. Demain soir, à moins d’obstacles, j’espère bien que nous dormirons dans nos couchettes du hall ! »

Service s’occupa alors du dîner, pour lequel il avait réservé la seconde outarde. C’était du rôti ; et toujours du rôti, mais il eût été injuste de le reprocher à Service, qui ne pouvait guère varier son ordinaire.