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deux ans de vacances.

— Ce serait un peu long, répondit Gordon. D’après la carte, il y aurait de trente à quarante milles à faire, ce qui demanderait quatre ou cinq jours, en admettant qu’il ne se présentât aucun obstacle sur la route ! On serait inquiet là-bas, à French-den, et mieux vaut ne point donner cette inquiétude !

— Cependant, reprit Doniphan, tôt ou tard, il sera nécessaire de reconnaître cette partie de l’île !

— Sans doute, répondit Gordon, et je compte organiser une expédition dans ce but.

— Pourtant, dit Cross, Doniphan a raison. Il y aurait intérêt à ne pas reprendre le même chemin…

— C’est entendu, répliqua Gordon, et je propose de suivre la rive du lac jusqu’à Stop-river, puis, de marcher directement vers la falaise, dont nous longerons la base.

— Et pourquoi redescendre la rive que nous avons suivie déjà ? demanda Wilcox.

— En effet, Gordon, ajouta Doniphan, pourquoi ne pas couper au plus court, à travers cette plaine de sable, afin d’atteindre les premiers arbres de Traps-woods, qui ne sont pas à plus de trois ou quatre milles dans le sud-ouest ?

— Parce que nous serons toujours forcés de traverser Stop-river, répondit Gordon. Or, nous sommes certains de pouvoir passer où nous avons passé hier, tandis que, plus bas, nous pourrions être très gênés si le rio devenait torrentueux. Donc, ne s’engager sous la forêt qu’après avoir mis le pied sur la rive gauche de Stop-river, cela me paraît sage !

— Toujours prudent, Gordon ! s’écria Doniphan, non sans une pointe d’ironie.

— On ne saurait trop l’être ! » répondit Gordon.

Tous se laissèrent alors glisser sur le talus de la dune, regagnèrent le lieu de halte, grignotèrent un morceau de biscuit et de venaison froide, roulèrent leurs couvertures, reprirent leurs armes et suivirent d’un bon pas le chemin de la veille.