lieu de le regretter, car Phann tomba en arrêt devant l’orifice d’une demi-douzaine de terriers qui trouaient le sol.
Évidemment, Phann avait senti là quelque animal qu’il serait aisé de tuer au gîte. Aussi Doniphan se préparait-il à épauler son fusil, lorsque Gordon l’arrêta :
« Ménage ta poudre, Doniphan, lui dit-il, je t’en prie, ménage ta poudre !
— Qui sait, Gordon, si notre déjeuner n’est pas là-dedans ? répondit le jeune chasseur.
— Et aussi notre dîner ?… ajouta Service, qui venait de se baisser vers le terrier.
— S’ils y sont, répondit Wilcox, nous saurons bien les en faire sortir, sans qu’il en coûte un grain de plomb.
— Et de quelle façon ?… demanda Webb.
— En enfumant ces terriers, comme on le ferait pour un terrier de putois ou de renard ! »
Entre les touffes de cortadères, le sol était recouvert d’herbes sèches que Wilcox eut vite enflammées à l’orifice des gîtes. Une minute après, apparaissaient une douzaine de rongeurs, à demi-suffoqués, qui essayèrent vainement de s’enfuir. C’étaient des lapins tucutucos, dont Service et Webb abattirent quelques couples à coups de hachette, tandis que Phann en étranglait trois autres en trois coups de dent.
« Voilà qui fera un excellent rôti !… dit Gordon.
— Et je m’en charge, s’écria Service, qui avait hâte de remplir ses fonctions de maître-coq. Tout de suite, si l’on veut !…
— À notre première halte ! » répondit Gordon.
Il fallut une demi-heure pour sortir de cette forêt en miniature des hautes cortadères. Au-delà, reparut la grève, accidentée de longues lignes de dunes, dont le sable, d’une extrême finesse, s’enlevait au moindre souffle.
À cette hauteur, le revers d’Auckland-hill s’éloignait déjà à plus de deux milles en arrière dans l’ouest. Cela s’expliquait par la direc-