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deux ans de vacances.

il tomba juste au moment où l’animal allait disparaître sous les arbres de Traps-woods.

Les camarades de Service accoururent ; lorsqu’ils arrivèrent à lui, l’autruche était déjà hors de vue.

Fort heureusement, Service, ayant roulé sur une herbe épaisse, n’avait aucun mal.

« La sotte bête !… La sotte bête ! s’écria-t-il tout confus. Ah ! si je la rattrape !…

— Tu ne la rattraperas point ! répondit Doniphan, qui se plaisait à rire de son camarade.

— Décidément, dit Webb, ton ami Jack était meilleur écuyer que toi !

— C’est que mon nandû n’était pas suffisamment apprivoisé !… répondit Service.

— Et ne pouvait l’être ! répliqua Gordon. Console-toi, Service, tu n’aurais rien pu faire de cette bête, et n’oublie pas que dans le roman de Wyss, il y a à prendre et à laisser ! »

Voilà comment finit l’aventure, et les petits n’eurent pas à regretter de ne point être « montés à autruche ! »

Aux premiers jours de novembre, le temps parut favorable pour une expédition de quelque durée, dont l’objectif serait de reconnaître la rive occidentale du Family-lake jusqu’à sa pointe nord. Le ciel était pur, la chaleur très supportable encore, et il n’y aurait aucune imprudence à passer quelques nuits en plein air. Les préparatifs furent donc faits en conséquence.

Les chasseurs de la colonie devaient prendre part à cette expédition, et, cette fois, Gordon jugea à propos de se joindre à eux. Quant à ceux de ses camarades qui demeureraient à French-den, ils y resteraient sous la garde de Briant et de Garnett. Plus tard, avant la fin de la belle saison, Briant entreprendrait lui-même une autre excursion dans le but de visiter la partie inférieure du lac, soit en longeant ses rives avec la yole, soit en le traversant, puisque, suivant la carte, il ne mesurait que quatre à cinq milles à la hauteur de French-den.