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deux ans de vacances.

Gordon s’introduisit dans l’étroit boyau et en ressortit quelques moments après.

« Tu ne t’es pas trompé !… dit-il. J’ai entendu comme des grondements éloignés !… »

Baxter recommença l’épreuve à son tour et ressortit en disant :

« Qu’est-ce que cela peut être ?

— Je ne puis l’imaginer ! répondit Gordon. Il faudrait prévenir Doniphan et les autres…

— Pas les petits ! ajouta Briant. Ils auraient peur ! »

Précisément, tous venaient de rentrer pour le dîner, et les petits eurent connaissance de ce qui se passait. Cela ne laissa pas de leur causer quelque effroi.

Doniphan, Wilcox, Webb, Garnett, se glissèrent successivement à travers le boyau. Mais le bruit avait cessé ; ils n’entendirent plus rien et furent portés à croire que leurs camarades avaient dû faire erreur.

En tout cas, il fut décidé que le travail ne serait point interrompu, et l’on s’y remit, dès que le dîner eut été achevé.

Or, pendant la soirée, aucun bruit ne s’était fait entendre, lorsque, vers neuf heures, de nouveaux grondements furent distinctement perçus à travers la paroi.

En ce moment, Phann, qui venait de se jeter dans le boyau, en ressortait, le poil hérissé, les lèvres retroussées au-dessus de ses crocs, donnant d’incontestables signes d’irritation, aboyant à grands coups, comme s’il eût voulu répondre aux grondements qui se produisaient à l’intérieur du massif.

Et alors, ce qui n’avait été, chez les petits, qu’un effroi mêlé de surprise, devint une véritable épouvante. L’imagination du boy anglais est sans cesse nourrie des légendes familières aux pays du Nord, et dans lesquelles les gnomes, les lutins, les valkyries, les sylphes, les ondines, les génies de toute provenance, rôdent autour de son berceau. Aussi, Dole, Costar, même Jenkins et Iverson, ne cachèrent-ils point qu’ils se mouraient de peur. Après avoir vai-