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deux ans de vacances.

deux caves obscures. Ce plan était évidemment le meilleur, et, entre autres avantages, il donnerait facilité de sonder prudemment le massif, dont la perforation pourrait être abandonnée à temps, s’il se produisait quelque infiltration soudaine.

Pendant trois jours, du 27 au 30 mai, le travail se fit dans des conditions assez favorables. Cette molasse calcaire se taillait pour ainsi dire au couteau. Aussi fut-il nécessaire de la consolider par un boisage intérieur – ce qui ne laissa pas d’être très difficile. Les déblais étaient immédiatement transportés au-dehors, de manière à ne jamais encombrer. Si tous les bras ne pouvaient être occupés simultanément à cette besogne, faute d’espace, ils ne chômaient point cependant. Lorsque la pluie et la neige cessaient de tomber, Gordon et les autres s’occupaient à démonter le radeau, afin que les pièces de la plate-forme et du bâti pussent être employées au nouvel aménagement. Ils surveillaient également les objets empilés dans l’angle du contrefort, car les prélarts goudronnés ne les garantissaient que très imparfaitement contre les rafales.

La besogne avançait peu à peu, non sans tâtonnements pénibles, et le boyau était déjà creusé sur une longueur de quatre à cinq pieds, lorsqu’un incident très inattendu se produisit dans l’après-midi du 30.

Briant, accroupi au fond, comme un mineur qui fonce une galerie de mine, crut entendre une sorte de bruit sourd à l’intérieur du massif.

Il suspendit son travail, afin d’écouter plus attentivement… Le bruit arriva de nouveau à son oreille.

Se retirer du couloir, revenir vers Gordon et Baxter qui se trouvaient à l’orifice, leur faire part de l’incident, cela ne demanda que quelques instants.

« Illusion ! répondit Gordon. Tu as cru entendre…

— Prends ma place, Gordon, répondit Briant, appuie ton oreille contre la paroi et écoute ! »