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deux ans de vacances.

trois mouchoirs attachés bout à bout, et tous, unissant leurs efforts, les uns en bas, les autres en haut, parvinrent à l’extraire de la fosse.

« Enfin, nous la tenons ! s’écria Webb.

— Et qu’en ferons-nous ?… demanda Cross.

— C’est bien simple ! répliqua Service, qui ne doutait jamais de rien. Nous la conduirons à French-den, nous l’apprivoiserons, et elle nous servira de monture ! J’en fais mon affaire, à l’exemple de mon ami Jack du Robinson Suisse ! »

Qu’il fût possible d’utiliser l’autruche de cette façon, c’était au moins contestable, malgré le précédent invoqué par Service. Toutefois, comme il n’y avait aucun inconvénient à la ramener à French-den, c’est ce qui fut fait.

Lorsque Gordon vit arriver ce nandû, peut-être s’effraya-t-il un peu d’avoir une bouche de plus à nourrir. Mais, en songeant que l’herbe ou les feuilles suffiraient à son alimentation, il lui fit bon accueil. Quant aux petits, ce fut une joie pour eux d’admirer cet animal, de s’en approcher – pas trop près cependant – après qu’on l’eut attaché avec une longue corde. Et, lorsqu’ils apprirent que Service comptait le dresser pour la course, ils lui firent promettre qu’il les prendrait en croupe.

« Oui ! si vous êtes sages, les bébés ! répondit Service, que les petits considéraient déjà comme un héros.

— Nous le serons ! s’écria Costar.

— Comment, toi aussi, Costar, répliqua Service, tu oserais monter sur cette bête ?…

— Derrière toi… et en te tenant bien… oui !

— Eh ! rappelle-toi donc ta belle peur, quand tu étais sur le dos de la tortue !

— Ce n’est pas la même chose, répondit Costar. Au moins, cette bête-là ne va pas sous l’eau !…

— Non, mais elle peut aller en l’air ! » dit Dole.

Et là-dessus, les deux enfants restèrent songeurs.

On le pense bien, depuis l’installation définitive à French-den,