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deux ans de vacances.

« Va, Phann, va ! .. » cria Doniphan.

Et, aussitôt, le chien de s’élancer en aboyant, mais sans montrer d’inquiétude.

Briant et Doniphan coururent vers la fosse, et, dès qu’ils se furent penchés au-dessus :

« Venez !… venez ! crièrent-ils.

— Ce n’est point un jaguar ?… demanda Webb.

— Ni un couguar ?… ajouta Cross.

— Non ! répondit Doniphan. C’est une bête à deux pattes, une autruche ! »

C’était une autruche, en effet, et il y avait lieu de se féliciter que de tels volatiles courussent les forêts de l’intérieur, car leur chair est excellente – surtout dans la partie grasse qui leur garnit la poitrine.

Cependant, s’il n’était pas douteux que ce fût une autruche, sa taille moyenne, sa tête semblable à une tête d’oie, le vêtement de petites plumes qui enveloppait tout son corps d’une toison gris-blanchâtre, la rangeaient dans l’espèce des « nandûs », si nombreux au milieu des pampas du Sud-Amérique. Bien que le nandû ne puisse entrer en comparaison avec l’autruche africaine, il n’en faisait pas moins honneur à la faune du pays.

« Il faut le prendre vivant !… dit Wilcox.

— Je le crois bien ! s’écria Service.

— Ce ne sera pas commode ! répondit Cross.

— Essayons ! » dit Briant.

Si le vigoureux animal n’avait pu s’échapper, c’est que ses ailes ne lui permettaient pas de s’élever jusqu’au niveau du sol, et que ses pieds n’avaient point prise sur des parois verticales. Wilcox fut donc obligé de se laisser glisser au fond de la fosse, au risque de recevoir quelques coups de bec qui auraient pu le blesser grièvement. Cependant, comme il parvint à encapuchonner l’autruche avec sa vareuse qu’il lui jeta sur la tête, elle fut réduite à la plus complète immobilité. Il fut facile alors de lui lier les pattes à l’aide de deux ou