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deux ans de vacances.

— Soit, répondit Gordon. Cependant, avant de songer à partir, habituons-nous à l’idée que nous serons peut-être forcés de vivre ici des années et des années ?…

— Voilà bien mon Gordon ! s’écria Doniphan. Je suis sûr qu’il serait enchanté de fonder une colonie…

— Sans doute, si on ne peut faire autrement !

— Eh ! Gordon, je ne crois pas que tu rallies beaucoup de partisans à ta marotte – pas même ton ami Briant !

— Nous avons le temps de discuter cela, répondit Gordon. – Et, à propos de Briant, Doniphan, laisse-moi te dire que tu as des torts envers lui. C’est un bon camarade, qui nous a donné des preuves de dévouement…

— Comment donc, Gordon ! répliqua Doniphan de ce ton dédaigneux dont il ne pouvait se départir. Briant a toutes les qualités !… C’est une sorte de héros…

— Non, Doniphan, il a ses défauts comme nous. Mais tes sentiments à son égard peuvent amener une désunion qui rendrait notre situation encore plus pénible ! Briant est estimé de tous…

— Oh ! de tous !

— Ou, au moins, du plus grand nombre de ses camarades. Je ne sais pourquoi Wilcox, Cross, Webb et toi, vous ne voulez rien entendre de lui ! Je te dis cela en passant, Doniphan, et je suis sûr que tu réfléchiras…

— C’est tout réfléchi, Gordon ! »

Gordon vit bien que l’orgueilleux garçon était peu disposé à tenir compte de ses conseils – ce qui l’affligeait, car il prévoyait de sérieux ennuis pour l’avenir.

Ainsi qu’il a été dit, le déchargement complet du radeau avait pris trois jours. Il ne restait plus qu’à démolir le bâti et la plate-forme, dont les madriers et les planches pourraient être employés à l’intérieur de French-den.

Malheureusement, tout le matériel n’avait pu trouver place dans la caverne, et, si on ne parvenait pas à l’agrandir, on serait obligé