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deux ans de vacances.

Moko, ce gibier dut être conservé pour le premier repas, déjeuner, dîner ou souper, qui serait fait dans le réfectoire de French-den.

Pendant cette excursion, Doniphan n’avait découvert aucun indice de nature à révéler la présence ancienne ou récente d’êtres humains en cette partie de la forêt. Quant aux animaux, il avait entrevu des volatiles de grande taille s’enfuyant à travers les fourrés, mais sans les reconnaître.

La journée s’acheva, et, toute la nuit, Baxter, Webb et Cross veillèrent ensemble, prêts, suivant le cas, soit à doubler les amarres du radeau, soit à leur donner un peu de jeu, au moment du renversement de la marée.

Il n’y eut aucune alerte. Le lendemain, vers neuf heures trois quarts, dès la montée du flot, la navigation fut reprise dans les mêmes conditions que la veille.

La nuit avait été froide. La journée le fut aussi. Il n’était que temps d’arriver. Que deviendrait-on si les eaux du rio venaient à se prendre, si quelques glaçons, sortis du lac, dérivaient vers Sloughi-bay ? Sujet de grosse inquiétude dont on ne serait délivré qu’après l’arrivée à French-den.

Et, pourtant, il était impossible d’aller plus vite que le flux, impossible aussi de remonter le courant, lorsque la marée venait à descendre, impossible dès lors de franchir plus d’un mille en une heure et demie. Ce fut encore la moyenne de cette journée. Vers une heure après-midi, halte fut faite à la hauteur de cette fondrière que Briant avait dû contourner en revenant à Sloughi-bay. On en profita pour l’explorer sur sa partie riveraine. Pendant un mille et demi, la yole, montée par Moko, Doniphan et Wilcox, s’engagea dans la direction du nord, et ne s’arrêta qu’au moment où l’eau vint à lui manquer. Cette fondrière était comme un prolongement du marais qui s’étendait au-delà de la rive gauche, et elle paraissait très riche en gibier aquatique. Aussi Doniphan put-il tirer quelques bécassines qui allèrent rejoindre les outardes et les tinamous dans le garde-manger du bord.