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deux ans de vacances.

On le sait, dans son cours supérieur – Briant l’avait constaté – le rio n’offrait aucun obstacle, ni chutes, ni rapides, ni barrages. Une nouvelle exploration, qui eut pour objet d’en reconnaître le cours inférieur depuis la fondrière jusqu’à son embouchure, fut faite avec la yole. Briant et Moko purent s’assurer que ce cours était également navigable. Ainsi il y avait là une voie de communication toute indiquée entre Sloughi-bay et French-den.

Les jours suivants furent employés à disposer le campement au bord du rio. Les basses branches de deux hêtres, reliées par de longs espars aux branches d’un troisième, servirent de soutien à la grande voile de rechange du yacht, dont on fit retomber les côtés jusqu’à terre. Ce fut sous l’abri de cette tente, solidement fixée par des amarrages, que l’on transporta la literie, les ustensiles de première nécessité, les armes, les munitions, les ballots de provisions. Comme le radeau devait être construit avec les débris du yacht, il fallait attendre que sa démolition fût achevée.

On n’eut point à se plaindre du temps, qui se maintenait au sec. S’il y eut parfois du vent, il venait de terre, et le travail put se faire dans de bonnes conditions.

Vers le 15 avril, il ne restait plus rien à bord du schooner, si ce n’est les objets trop pesants, qui ne pourraient être retirés qu’après le dépeçage – entre autres, les gueuses de plomb servant de lest, les pièces à eau engagées dans la cale, le guindeau, la cuisine, trop lourds pour être enlevés sans un appareil. Quant au gréement, mât de misaine, vergues, haubans et galhaubans de fer, chaînes, ancres, cordages, amarres, cordelles, fils de caret et autres, dont il existait un approvisionnement considérable, tout avait été peu à peu transporté dans le voisinage de la tente.

Il va sans dire que, si pressé que fût ce travail, on ne négligeait point de subvenir aux besoins de chaque jour. Doniphan, Webb et Wilcox consacraient quelques heures à la chasse aux pigeons de roche et aux autres volatiles venant du marécage. Les petits, eux, s’occupaient de récolter des mollusques, dès que la marée