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deux ans de vacances.

bay. Mais le détour aurait été si long que Briant et Doniphan ne voulurent point perdre de temps à revenir dans sa direction. Ils continuèrent à s’engager sous bois, et, vers sept heures du soir, ils eurent la certitude qu’ils s’étaient égarés.

Seraient-ils donc contraints à passer la nuit sous les arbres ? Il n’y aurait eu que demi-mal, si les provisions n’eussent manqué, au moment où la faim se faisait vivement sentir.

« Allons toujours, dit Briant. En marchant du côté de l’ouest, il faudra bien que nous arrivions au campement…

— À moins que cette carte ne nous ait donné de fausses indications, répondit Doniphan, et que ce rio ne soit pas celui qui se jette dans la baie !

— Pourquoi cette carte serait-elle inexacte, Doniphan ?

— Et pourquoi ne le serait-elle pas, Briant ? »

On le voit, Doniphan, qui n’avait pas digéré sa déconvenue, s’obstinait à n’accorder qu’une médiocre confiance à la carte du naufragé. Il avait tort, néanmoins, car, dans la partie de l’île déjà reconnue, on ne pourrait nier que le travail de François Baudoin ne présentât une réelle exactitude.

Briant jugea inutile de discuter là-dessus, et l’on se remit résolument en route.

À huit heures, impossible de s’y reconnaître, tant l’obscurité était profonde. Et la limite de cette interminable forêt qu’on n’atteignait point !

Soudain, par une trouée des arbres, apparut une vive lueur qui se propageait à travers l’espace.

« Qu’est-ce que cela ?… dit Service.

— Une étoile filante, je suppose ? dit Wilcox.

— Non, c’est une fusée !… répliqua Briant, une fusée qui a été lancée du Sloughi.

— Et, par conséquent, un signal de Gordon !… s’écria Doniphan, qui y répondit par un coup de fusil.

Un point de repère ayant été pris sur une étoile, au moment où