Page:Verne - Deux Ans de vacances, Hetzel, 1909.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.
128
deux ans de vacances.

vie, depuis le jour où il avait échoué sur cette côte ! Et, dans des fragments de phrases que le temps n’avait pas complètement effacés, Briant parvint à lire encore ces mots : Duguay-Trouin – évidemment le nom du navire qui s’était perdu dans ces lointains parages du Pacifique.

Puis, au début, une date : – la même qui était inscrite au-dessous des initiales, et, sans doute, celle du naufrage !

Il y avait donc cinquante-trois ans que François Baudoin avait atterri sur ce littoral. Pendant toute la durée de son séjour il n’avait reçu aucun secours du dehors !

Or, si François Baudoin n’avait pu se porter sur quelque autre point de ce continent, était-ce donc parce que d’infranchissables obstacles s’étaient dressés devant lui ?…

Plus que jamais, les jeunes garçons se rendirent compte de la gravité de leur situation. Comment viendraient-ils à bout de ce qu’un homme, un marin, habitué aux rudes travaux, rompu aux dures fatigues, n’avait pu accomplir ?

D’ailleurs, une dernière trouvaille allait leur apprendre que toute tentative pour quitter cette terre serait vaine.

En feuilletant le cahier, Doniphan aperçut un papier plié entre les pages. C’était une carte, tracée avec une sorte d’encre, probablement faite d’eau et de suie.

« Une carte !… s’écria-t-il.

— Que François Baudoin a vraisemblablement dessinée lui-même ! répondit Briant.

— Si cela est, cet homme ne devait pas être un simple matelot, fit observer Wilcox, mais un des officiers du Duguay-Trouin, puisqu’il était capable de dresser une carte…

— Est-ce que ce serait ?… » s’écria Doniphan.

Oui ! C’était la carte de cette contrée ! Du premier coup d’œil, on y reconnaissait Sloughi-bay, le banc de récifs, la grève sur laquelle avait été établi le campement, le lac dont Briant et ses camarades venaient de redescendre la rive occidentale, les trois îlots situés au