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deux ans de vacances.

Au chevet du grabat, sous un pan de la couverture que Briant avait rejetée, Wilcox découvrit une montre accrochée à un clou fixé dans la muraille.

Cette montre, moins commune que les montres de matelots, était de fabrication assez fine ; elle se composait d’un double boîtier d’argent, auquel pendait une clef, attachée par une chaîne de même métal.

« L’heure !… Voyons l’heure ! s’écria Service.

— L’heure ne nous apprendrait rien, répondit Briant. Probablement, cette montre a dû s’arrêter bien des jours, avant la mort de ce malheureux ! »

Briant ouvrit le boîtier, avec quelque peine, car les jointures en étaient oxydées, et il put voir que les aiguilles marquaient trois heures vingt-sept minutes.

« Mais, fit observer Doniphan, cette montre porte un nom… Cela peut nous fixer…

— Tu as raison, » répondit Briant.

Et, après avoir regardé à l’intérieur du boîtier, il parvint à lire ces mots, gravés sur la plaque :

Delpeuch, Saint-Malo – le nom du fabricant et son adresse.

« C’était un Français, un compatriote à moi ! » s’écria Briant avec émotion.

Il n’y avait plus à en douter, un Français avait vécu dans cette caverne, jusqu’à l’heure où la mort était venue mettre un terme à ses misères !

À cette preuve s’en joignit bientôt une autre, non moins décisive, lorsque Doniphan, qui avait déplacé le grabat, eut ramassé sur le sol un cahier, dont les pages jaunies étaient couvertes de lignes tracées au crayon.

Par malheur, la plupart de ces lignes étaient à peu près illisibles. Quelques mots, cependant, purent être déchiffrés, et entre autres, ceux-ci : François Baudoin.

Deux noms, et c’étaient bien ceux dont le naufragé avait gravé les initiales sur l’arbre ! Ce cahier, c’était le journal quotidien de sa