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deux ans de vacances.

Par suite, quelque nouvel indice ne permettrait-il pas de changer cette hypothèse en certitude ?

Les recherches continuant, d’autres objets furent encore découverts – un second couteau dont plusieurs lames étaient cassées, un compas, une bouilloire, un cabillot de fer, un épissoir, sorte d’outil de matelots. Mais, il n’y avait aucun instrument de marine, ni lunette, ni boussole, pas même une arme à feu pour chasser le gibier, pour se défendre contre les animaux ou les indigènes !

Cependant, comme il avait fallu vivre, cet homme avait certainement été réduit à tendre des pièges. Au reste, un éclaircissement fut donné à ce sujet, lorsque Wilcox s’écria :

« Qu’est-ce que cela ?

— Cela ? répondit Service.

— C’est un jeu de boules, répondit Wilcox.

— Un jeu de boules ? » dit Briant, non sans surprise.

Mais il reconnut aussitôt à quel usage avaient dû être employées les deux pierres rondes que Wilcox venait de ramasser. C’était un de ces engins de chasse, appelés « bolas », qui se composent de deux boules reliées l’une à l’autre par une corde, et qu’emploient les Indiens de l’Amérique du Sud. Lorsqu’une main habile lance ces bolas, elles s’enroulent autour des jambes de l’animal, dont les mouvements sont paralysés et qui devient facilement la proie du chasseur.

Indubitablement, c’était l’habitant de cette caverne qui avait fabriqué cet engin, et aussi un lazo, longue lanière de cuir qui se manœuvre comme les bolas, mais à plus courte distance.

Tel fut l’inventaire des objets recueillis dans la caverne, et, à cet égard, Briant et ses camarades étaient incomparablement plus riches. Ils n’étaient que des enfants, il est vrai, et l’autre était un homme.

Quant à cet homme, était-ce un simple matelot ou un officier qui avait pu mettre à profit son intelligence préalablement développée par l’étude ? C’est ce qui eût été très difficile à établir, sans une découverte qui permit de s’avancer avec plus d’assurance dans la voie des certitudes.