Page:Verne - Deux Ans de vacances, Hetzel, 1909.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.
117
deux ans de vacances.

entre autres, une pièce de bois à demi pourrie et verte de mousse, dont la courbure indiquait un morceau d’étrave, auquel pendait encore un anneau de fer, rongé par la rouille.

« Un anneau !… un anneau ! » s’écria Service.

Et tous, immobiles, regardaient autour d’eux, comme si l’homme qui s’était servi de ce canot, qui avait élevé cette digue, eût été sur le point d’apparaître !

Non !… Personne ! Bien des années s’étaient écoulées depuis que cette embarcation avait été délaissée sur le bord du rio. Ou l’homme, dont la vie s’était passée là avait revu ses semblables, ou sa misérable existence s’était éteinte sur cette terre, sans qu’il eût pu la quitter.

On comprend donc l’émotion de ces jeunes garçons devant ces témoignages d’une intervention humaine qu’il n’était plus permis de contester !

C’est alors qu’ils remarquèrent les singulières allures du chien. Phann était certainement tombé sur une piste. Ses oreilles se redressaient, sa queue s’agitait violemment, son museau humait le sol, en se fourrant sous les herbes.

« Voyez donc Phann ! dit Service.

— Il a senti quelque chose ! » répondit Doniphan, qui s’avança vers le chien.

Phann venait de s’arrêter, une patte levée, la gueule tendue. Puis, brusquement, il s’élança vers un bouquet d’arbres qui se groupaient au pied de la falaise du côté du lac.

Briant et ses camarades le suivirent. Quelques instants après, ils faisaient halte devant un vieux hêtre, sur l’écorce duquel étaient gravées deux lettres et une date, disposées de cette façon :

F B
1807

Briant, Doniphan, Wilcox et Service seraient longtemps restés