Page:Verne - Deux Ans de vacances, Hetzel, 1909.djvu/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.
116
deux ans de vacances.

pouvait s’installer ici pour l’hiver, on serait assuré de ne jamais manquer de gibier !

— Et pourquoi pas ? » répondit Briant, qui se dirigea vers la rive droite du rio.

En arrière se dressait une haute falaise que terminait un contrefort coupé à pic. De ses deux revers, qui se rejoignaient presque à angle droit, l’un se dirigeait latéralement à la berge de la petite rivière, tandis que l’autre faisait face au lac. Cette falaise, était-ce la même qui encadrait Sloughi-bay en se prolongeant vers le nord-ouest ? C’est ce qu’on ne saurait qu’après avoir fait une reconnaissance plus complète de la région.

Quant au rio, si sa rive droite, large d’une vingtaine de pieds, longeait la base des hauteurs avoisinantes, sa rive gauche, très basse, se distinguait à peine des entailles, des flaques, des fondrières de cette plaine marécageuse qui se développait à perte de vue vers le sud. Pour relever la direction du cours d’eau, il serait nécessaire de gravir la falaise, et Briant se promettait bien de ne pas reprendre la route de Sloughi-bay qu’il n’eût accompli cette ascension.

En premier lieu, il s’agissait d’examiner le rio à l’endroit où les eaux du lac se déversaient dans son lit. Il ne mesurait là qu’une quarantaine de pieds de large, mais devait gagner en largeur comme en profondeur, à mesure qu’il se rapprochait de son embouchure, pour peu qu’il reçût quelque affluent, soit du marécage, soit des plateaux supérieurs.

« Eh ! voyez donc ! » s’écria Wilcox, au moment où il venait d’atteindre le pied du contrefort.

Ce qui attirait son attention, c’était un entassement de pierres, formant une sorte de digue – disposition analogue à celle qui avait été déjà observée dans la forêt.

« Plus de doute, cette fois ! dit Briant.

— Non !… plus de doute ! » répondit Doniphan, en montrant des débris de bois, à l’extrémité de la digue.

Ces débris étaient certainement ceux d’une coque d’embarcation,