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deux ans de vacances.

— C’est bon… c’est bon !… répondit Service. En attendant, voyez où nous avons couché ! »

Ce n’était point un fourré, c’était une cabane de feuillage, une de ces huttes que les Indiens appellent « ajoupas » et qui sont faites de branchages entrelacés. Cet ajoupa devait être de construction ancienne, car sa toiture et ses parois ne le soutenaient guère que grâce à l’arbre contre lequel il s’appuyait et dont la ramure habillait de neuf cette hutte, semblable à celles qui servent aux indigènes du Sud-Amérique.

« Il y a donc des habitants ?… dit Doniphan, en jetant de rapides regards autour de lui.

— Ou, du moins, il y en a eu, répondit Briant, car cette cabane ne s’est pas construite toute seule !

— Cela expliquerait l’existence de la chaussée jetée en travers du creek ! fit observer Wilcox.

— Eh ! tant mieux ! s’écria Service. S’il y a des habitants, ce sont de braves gens, puisqu’ils ont bâti cette hutte tout exprès pour que nous y passions la nuit ! »

En réalité, rien n’était moins certain que les indigènes de ce pays fussent de braves gens, comme le disait Service. Ce qui était manifeste, c’est que des indigènes fréquentaient ou avaient fréquenté cette partie de la forêt à une époque plus ou moins éloignée. Or, ces indigènes ne pouvaient être que des Indiens, si cette contrée se rattachait au Nouveau-Continent, ou des Polynésiens et même des Cannibales, si c’était une île appartenant à l’un des groupes de l’Océanie !… Cette dernière éventualité eût été grosse de périls, et, plus que jamais, il importait que la question fût résolue.

Aussi Briant allait-il repartir, lorsque Doniphan proposa de visiter minutieusement cette hutte, qui, d’ailleurs, semblait avoir été abandonnée depuis longtemps.

Peut-être s’y trouverait-il un objet quelconque, un ustensile, un instrument, un outil, dont on parviendrait à reconnaître l’origine ?

La litière de feuilles sèches, étendue sur le sol de l’ajoupa, fut