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deux ans de vacances.

« Tiens-toi solidement, Doniphan, ajouta-t-il, et ne perdons pas courage !… Il y en a d’autres que nous à sauver ! »

Ces quelques phrases avaient été prononcées en anglais – bien que, chez Briant, l’accent dénotât une origine française.

Celui-ci, se tournant vers le mousse :

« Tu n’es pas blessé, Moko ?

— Non, monsieur Briant, répondit le mousse. Surtout, tâchons de maintenir le yacht debout aux lames, ou nous risquerions de couler à pic ! »

À ce moment, la porte du capot d’escalier, qui conduisait au salon du schooner, fut vivement ouverte. Deux petites têtes apparurent au niveau du pont, en même temps que la bonne face d’un chien, dont les aboiements se firent entendre.

« Briant ?… Briant ?… s’écria un enfant de neuf ans. Qu’est-ce qu’il y a donc ?

— Rien, Iverson, rien ! répliqua Briant. Veux-tu bien redescendre avec Dole,… et plus vite que ça !

— C’est que nous avons grand’peur ! ajouta le second enfant, qui était un peu plus jeune.

— Et les autres ?… demanda Doniphan.

— Les autres aussi ! répliqua Dole.

— Voyons, rentrez tous ! répondit Briant. Enfermez-vous, cachez-vous sous vos draps, fermez les yeux, et vous n’aurez plus peur ! Il n’y a pas de danger !

— Attention !… Encore une lame ! » s’écria Moko.

Un choc violent heurta l’arrière du yacht. Cette fois, la mer n’embarqua pas, heureusement, car, si l’eau eût pénétré à l’intérieur par la porte du capot, le yacht, très alourdi, n’aurait pu s’élever à la houle.

« Rentrez donc ! s’écria Gordon. Rentrez… ou vous aurez affaire à moi !

— Voyons, rentrez, les petits ! » ajouta Briant, d’un ton plus amical.