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deux ans de vacances.

boussole de poche, une lunette assez puissante pour permettre d’observer le territoire sur un rayon de trois à quatre milles, des couvertures de voyage ; puis, accompagnant les ustensiles de poche, des mèches d’amadou, des briquets, des allumettes, cela devait être suffisant, semblait-il, aux besoins d’une expédition de peu de durée, mais non sans danger. Aussi Briant et Doniphan, ainsi que Service et Wilcox, qui allaient les accompagner, auraient-ils soin de se tenir sur leurs gardes, de n’avancer qu’avec une extrême circonspection, et de ne jamais se séparer.

Gordon se disait bien que sa présence n’eût pas été inutile entre Briant et Doniphan. Mais il lui parut plus sage de rester au Sloughi, afin de veiller sur ses jeunes camarades. Aussi, prenant Briant à part, obtint-il de lui la promesse d’éviter tout sujet de désaccord ou de querelle.

Les pronostics du baromètre s’étaient réalisés. Avant la tombée du jour, les derniers nuages avaient disparu vers l’occident. La ligne de mer s’arrondissait à l’ouest sur un horizon très pur. Les magnifiques constellations de l’hémisphère austral scintillaient au firmament, et, parmi elles, cette splendide Croix du Sud, qui brille au pôle antarctique de l’univers.

Gordon et ses camarades, à la veille de cette séparation, se sentaient le cœur serré. Qu’allait-il arriver pendant une expédition sujette à tant d’éventualités graves ! Tandis que leurs regards s’attachaient au ciel, ils revenaient par la pensée vers leurs parents, vers leurs familles, vers leur pays, qu’il ne leur serait peut-être jamais donné de revoir !…

Et alors, les petits s’agenouillèrent devant cette Croix du Sud, comme ils l’eussent fait devant la croix d’une chapelle ! Ne leur disait-elle pas de prier le tout-puissant Créateur de ces merveilles célestes et de mettre leur espoir en lui ?