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Et c’est ce qu’il fit, tandis qu’Agathocle allait flâner à gauche, et M. Eustache Oriental à droite. Il ne semblait pas que ni l’un ni l’autre fussent possédés de la manie du tourisme.

Patrice, qui avait quitté le paquebot sur les talons de son maître, vint d’une voix grave lui demander ses ordres :

« Accompagnerai-je Monsieur ?…

— Plutôt deux fois qu’une, répondit Clovis Dardentor. Il est possible que je trouve un objet à mon goût, un bibelot du pays, et je n’ai pas l’intention de me trimballer avec !… »

En effet, il n’est pas de touriste déambulant le long des rues de Palma, qui ne s’offre quelque poterie d’origine majorquaine, une de ces vives faïences qui soutiennent la comparaison avec les porcelaines de Chine, ces curieuses majoliques, ainsi appelées du nom de l’île renommée pour cette fabrication.

« Si vous le permettez, dit Jean Taconnat, nous excursionnerons de conserve, monsieur Dardentor…

— Comment donc, monsieur Taconnat… j’allais vous en prier, ou plutôt vous demander de m’accepter pour compagnon pendant ces trop courtes heures. »

Patrice trouva cette réponse convenablement tournée et l’approuva d’un léger signe de tête. Il ne doutait pas que son maître ne pût que gagner dans la société de ces deux Parisiens qui, à son avis, devaient appartenir au meilleur monde.

Et, tandis que Clovis Dardentor et Jean Taconnat échangeaient ces quelques politesses, Marcel Lornans, devinant à quel but elles tendaient de la part de son fantaisiste ami, ne pouvait s’empêcher de sourire.

« Eh bien… oui !… lui dit celui-ci à part. Pourquoi l’occasion ne se présenterait-elle pas ?…

— Oui… oui !… l’occasion… Jean… la fameuse occasion exigée par le code… le combat, le feu, les flots…

— Qui sait ?… »

D’être entraîné par les flots, d’être enveloppé par les flammes,