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Heureusement, Patrice n’était pas là. Il se dépensait alors en phrases élégantes près de son nouvel ami, le maître d’hôtel. Vrai, il n’aurait pas eu bonne opinion d’un jeune Parisien, qui s’exprimait de cette façon vulgaire !

Et la conversation de s’établir dans un cordial abandon. M. Clovis Dardentor ne pouvait que se féliciter de ses relations avec ces deux jeunes gens… Et eux, donc, quelle chance heureuse d’avoir fait la connaissance d’un compagnon de voyage aussi sympathique que Clovis Dardentor !… Il y avait lieu d’espérer qu’on n’en resterait pas là !… On se retrouverait à Oran !… Ces messieurs comptaient-ils y prolonger leur séjour ?…

« Sans doute, répondit Marcel Lornans, car notre intention est de nous engager…

— Vous engager… au théâtre ?…

— Non, monsieur Dardentor, au 7e chasseurs d’Afrique.

— Beau régiment, messieurs, beau régiment, et vous saurez y faire votre chemin !… Ainsi… c’est un projet arrêté…

— À moins, crut devoir insinuer Jean Taconnat, que certaines circonstances surviennent…

— Messieurs, répondit Clovis Dardentor, quelle que soit la carrière que vous embrassiez, j’ai la certitude que vous lui ferez honneur ! »

Ah ! si cette phrase fût venue jusqu’aux oreilles de Patrice !… Mais en compagnie du maître d’hôtel, il était descendu à l’office, où le café au lait fumait dans les vastes tasses du bord.

Enfin, ce qui était acquis, c’est que MM. Clovis Dardentor, Jean Taconnat et Marcel Lornans avaient eu grand plaisir à se rencontrer ; ils espéraient même que le débarquement à Oran n’entraînerait pas une brusque séparation, ainsi qu’il advient d’ordinaire entre passagers…

« Et, dit Clovis Dardentor, si vous ne voyez aucun inconvénient à ce que nous descendions au même hôtel ?…

— Aucun inconvénient, se hâta de répondre Jean Taconnat, et cela présente même des avantages indiscutables.