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— titre de l’adoption, article 345. Il fait de cela une condition essentielle… à moins que…

— À moins que… » répéta Clovis Dardentor.

Et sa figure se rasséréna.

« Allez donc… allez donc ! s’écria-t-il. Vous me faites languir avec vos bricoles, vos à moins que…

— À moins, reprît Marcel Lornans, que l’individu qu’il s’agit d’adopter n’ait sauvé la vie de l’adoptant, soit dans un combat, soit en le tirant des flammes ou des flots… conformément à la loi.

— Mais je ne suis pas tombé et ne tomberai jamais à l’eau ! répondit Clovis Dardentor.

— Cela peut vous arriver comme à tout le monde ! déclara Jean Taconnat.

— J’espère bien que le feu ne prendra pas à ma maison…

— Votre maison risque de brûler aussi bien qu’une autre, et, si ce n’est votre maison, un théâtre où vous seriez… ce paquebot même, si un incendie se déclarait à bord…

— Soit, messieurs, le feu et l’eau. Quant au combat, je serais bien étonné si j’avais jamais besoin d’être secouru ! J’ai deux bons bras et deux bonnes jambes qui ne réclament aide et assistance de personne !

— Qui sait ? » répondit Jean Taconnat.

Quoi qu’il pût arriver, Marcel Lornans, au cours de cette conversation, avait nettement établi les dispositions de la loi, telles que les présente le titre VIII du code civil. Pour les autres, s’il n’en avait pas parlé, c’est que c’était inutile. Aussi n’avait-il rien dit de l’obligation, dans le cas où l’adoptant est marié, que son conjoint donne son consentement à l’adoption — Clovis Dardentor était célibataire, — ni rien dit de l’acquiescement qui est exigé des parents de l’adopté, si celui-ci n’a pas atteint la majorité de vingt-cinq ans.

D’ailleurs, il paraissait difficile, à présent, que Clovis Dardentor parvînt à réaliser son rêve et se créer une famille d’enfants adoptifs. Sans doute, il pouvait encore faire choix d’un adolescent, lui donner