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— Personne assurément, surenchérit Marcel Lornans. Aussi, n’est-ce pas de cela que j’ai voulu parler.

— Et de quoi donc ?… demanda Clovis Dardentor.

— D’une certaine condition imposée par le code, une condition que vous avez sans doute négligée…

— Laquelle, s’il vous plaît ?…

— Celle qui exige que l’adoptant ait donné à l’adopté, tandis que celui-ci était mineur, des soins non interrompus pendant une période de six ans…

— Elle dit ça, la loi ?…

— Formellement.

— Et quel est l’animal qui a fourré cela dans le code ?…

— Peu importe, l’animal !

— Eh bien, monsieur Dardentor, demanda le docteur Bruno en insistant, avez-vous donné ces soins à quelque mineur de votre connaissance ?…

— Pas que je sache !

— Alors, déclara Jean Taconnat, vous n’aurez plus que la ressource d’employer votre fortune à fonder un établissement de bienfaisance qui portera votre nom !…

— Ainsi la loi veut ?… reprit le Perpignanais.

— Elle le veut, » affirma Marcel Lornans.

Clovis Dardentor n’avait point caché le désappointement que lui causait cette exigence du code. Cela lui eût été si facile de pourvoir aux besoins, à l’éducation d’un mineur pendant six ans ! Et ne pas s’être avisé de cela ! Il est vrai, comment être assuré de faire un bon choix, quand on s’adresse à des adolescents qui n’offrent pas la moindre garantie pour l’avenir !… Enfin il n’y avait aucunement pensé !… Mais était-ce donc indispensable, et Marcel Lornans ne se trompait-il pas ?…

« Vous me certifiez que le code civil ?… demanda-t-il une seconde fois.

— Je vous le certifie, répondit Marcel Lornans. Consultez le code,