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— L’ascendant n’est pas interdit.

— Enfin je n’en ai même pas.

— Mais il y a aussi quelque chose que vous n’avez pas, monsieur Dardentor !

— Qu’est-ce donc ?…

— Cinquante ans d’âge ! Il faut être âgé de cinquante ans pour que la loi permette d’adopter…

— Je les aurai dans cinq ans, si Dieu me prête vie, et pourquoi se refuserait-il à me prêter…

— Il aurait tort, repartit Jean Taconnat, car il ne trouverait pas meilleur placement.

— C’est mon avis, monsieur Taconnat. Aussi attendrai-je mes cinquante ans révolus pour faire acte d’adoptant, si l’occasion s’en présente, une bonne occasion, comme on dit en affaires…

— À la condition, répliqua Marcel Lornans, que celui ou celle sur qui vous aurez jeté vos vues n’ait pas plus de trente-cinq ans, car la loi exige que l’adoptant ai au moins quinze ans de plus que l’adopté.

— Eh ! croyez-vous donc, s’écria M. Dardentor, que je songe à me gratifier d’un vieux garçon ou d’une vieille fille ? Non, pardieu ! Et ce n’est ni à trente-cinq ans, ni à trente que j’irai les choisir, mais au début de leur majorité, puisque le code stipule qu’ils soient majeurs.

— Tout cela est bien, monsieur Dardentor, répondit Marcel Lornans. Il est constant que vous remplissez ces conditions… Mais — j’en suis très fâché pour vos projets de paternité adoptive — il en est une qui vous manque, je le parierais…

— Ce n’est toujours pas parce que je ne jouis pas d’une bonne réputation !… Quelqu’un se permettrait-il de suspecter l’honneur de Clovis Dardentor, de Perpignan, Pyrénées-Orientales, dans sa vie publique ou sa vie privée ?…

— Oh ! personne… s’écria le capitaine Bugarach.

— Personne, ajouta le docteur Bruno.

— Non… personne, proclama Jean Taconnat.