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sur la dunette, d’où son œil furieux et menaçant parcourut les quais du vieux bassin.

Le retardataire n’était pas là, et, y eût-il été, qu’aurait-il pu faire, si ce n’est son meâ culpâ, en se frappant la poitrine.

En effet, son évolution achevée, l’Argèlès avait pris le milieu de la passe et recevait les saluts des curieux massés, d’une part sur le musoir de la jetée, de l’autre autour du môle Saint-Louis. Puis, il modifia légèrement sa direction à bâbord, afin d’éviter une goélette dont la dernière bordée se prolongeait à l’intérieur du bassin. Enfin, la passe franchie, le capitaine Bugarach manœuvra de manière à tourner le brise-lames par le nord et à doubler le cap de Cette sous petite vapeur.

II

Dans lequel le principal personnage de cette histoire est décidément présenté au lecteur.

« Nous voici en route, dit Marcel Lornans, en route vers…

— L’inconnu, répliqua Jean Taconnat, l’inconnu qu’il faut fouiller pour trouver du nouveau, a dit Baudelaire !

— L’inconnu, Jean ?… Est-ce que tu espères le rencontrer dans une simple traversée de la France à l’Afrique, un voyage de Cette à Oran ?…

— Qu’il ne s’agisse que d’une navigation de trente à quarante heures, Marcel, d’un simple voyage dont Oran doit fournir la première et peut-être l’unique étape, je ne le conteste pas. Mais, quand on part, sait-on toujours où l’on va ?…

— Assurément, Jean, lorsqu’un paquebot vous mène là où vous devez aller, et à moins d’accidents de mer…

— Eh ! qui te parle de cela, Marcel ? répondit Jean Taconnat d’un