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« Restez tous ! » cria Clovis Dardentor, d’une voix si impérieuse qu’elle obtint une obéissance passive.

D’ailleurs, Mme Désirandelle venait de perdre connaissance. Quant aux chevaux et aux chameaux, le conducteur et les indigènes les avaient entravés en un tour de main, afin qu’ils ne pussent s’échapper à travers la campagne.

Marcel Lornans, lui, s’était précipité vers le second char à bancs ; puis, aidé de Patrice, il en rapporta les armes, carabines et revolvers, qui furent aussitôt chargés.

M. Dardentor et Marcel Lornans prirent les carabines, Jean Taconnat et Moktani saisirent les revolvers. Tous se tenaient groupés au pied d’un bouquet de térébinthes, sur le talus à gauche de la route.

Sur cette campagne déserte, aucun secours à attendre.

Les rugissements éclatèrent de nouveau, et, presque à l’instant, apparut sur la lisière du bois un couple de fauves.

C’étaient un lion et une lionne, de taille colossale, dont la robe jaunâtre se détachait vivement sur la sombre verdure des pins d’Alep.

Ces animaux allaient-ils se jeter sur la caravane qu’ils regardaient de leurs yeux flamboyants ?… Ou bien, inquiets du nombre, rentreraient-ils sous bois et livreraient-ils passage ?…

Tout d’abord, ils firent quelques pas, sans se hâter, ne troublant plus l’air que par des ronflements sourds.

« Que personne ne bouge, répéta M. Dardentor, et qu’on nous laisse faire ! »

Marcel Lornans jeta un regard sur Louise. La jeune fille, la figure pâle, les traits contractés, mais se possédant, essayait de rassurer sa mère. Puis, Jean Taconnat et lui vinrent se ranger près de Clovis Dardentor et de Moktani, à une dizaine de pas en avant du bouquet de térébinthes.

Une minute après, comme les deux fauves s’étaient rapprochés, une première détonation retentit. Le Perpignanais avait tiré sur la