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— Oui.

— Je pense que l’un aurait péri dans les flammes et l’autre dans les flots, si monsieur ne se fût dévoué, au risque de sa vie, pour les arracher à une mort terrible !

— Et c’eût été dommage, Patrice, car tous deux méritent une longue et heureuse existence ! Avec leur caractère aimable, leur bonne humeur, leur intelligence, leur esprit, ils feront du chemin en ce monde, n’est-ce pas, Patrice ?…

— Mon avis est exactement celui de monsieur… Mais monsieur me permettra-t-il une observation qui m’est inspirée par mes réflexions personnelles ?…

— Je te le permets… si tu ne tricotes pas trop tes phrases !

— Est-ce que ?… Peut-être monsieur contestera-t-il la justesse de mon observation ?…

— Va donc, sans chipoter, et ne tourne pas pendant une heure autour du pot !

— Le pot… le pot !… fit Patrice, déjà choqué du « tricotage » qui visait ses périodes favorites.

— Lâcheras-tu ta bonde ?…

— Monsieur consentirait-il à me formuler son opinion sur le fils de M. et Mme Désirandelle ?…

— Agathocle ?… C’est un brave garçon… un peu… et pas assez… et surtout trop… qui ne demande pourtant qu’à partir du pied gauche ! Une de ces natures de jeunes gens qui ne se révèlent qu’après le mariage ! Peut-être est-il en bois… Donne-moi mon peigne à moustaches…

— Voici le peigne de monsieur.

— Mais du bois dont on fait les meilleurs maris. On lui a choisi un parti excellent, et je suis certain que le bonheur est assuré dans ce ménage sous tous les rapports !… À propos je ne vois pas encore poindre ton observation, Patrice…

— Elle poindra naturellement, lorsque monsieur aura bien voulu répondre à la seconde question que sa condescendance m’autorise à lui poser…