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guère. D’avoir rencontré des bandes de singes, des troupes d’antilopes ou de gazelles, c’était charmant. Mais, parfois, retentirent des hurlements lointains, et lorsque les tanières ont lâché leurs fauves au milieu des ténèbres…

« Mesdames, dit Clovis Dardentor dans l’intention de les rassurer, ne vous effrayez pas de ce qui n’a rien d’effrayant ! Si nous étions surpris par l’obscurité en pleins bois, le beau malheur, en vérité !… Je vous organiserais un campement à l’abri des voitures, et l’on coucherait à la belle étoile !… Je suis sûr que vous n’auriez pas peur, mademoiselle Louise ?…

— Avec vous… non, monsieur Dardentor.

— Voyez-vous cela… avec M. Dardentor ! Hein ! mesdames !… Cette chère enfant a confiance en moi… et elle a raison.

— Quelque confiance qu’on puisse avoir en votre valeur, répondit Mme  Désirandelle, nous préférons ne point être forcés de la mettre à l’épreuve ! »

Et la mère d’Agathocle prononça ces mots d’un ton sec, qui eut l’approbation tacite de son mari.

« N’ayez aucune crainte, mesdames, dit Marcel Lornans. Le cas échéant, M. Dardentor pourrait compter sur nous tous, et nous sacrifierions notre vie avant…

— Belle avance, riposta M. Désirandelle, si nous perdions la nôtre après !

— Trop de logique, mon vieil ami ! s’écria Clovis Dardentor. En somme, je n’imagine pas quel danger…

— Le danger d’être attaqués par une bande de malfaiteurs ?… répondit Mme  Désirandelle.

— Je crois qu’il n’y a rien à redouter de ce chef, affirma l’agent Derivas.

— Qu’en savez-vous ? reprit la dame, qui ne voulait pas se rendre. D’ailleurs, ces fauves qui courent la nuit…

— Rien à craindre non plus ! s’écria M. Dardentor. On se garderait avec des sentinelles postées aux angles du campement, des feux