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— Si, répond Marcel Lornans, qui s’endormait déjà. Je te préviens pourtant que, dans une attaque de ce genre, ce n’est pas lui que je songerais à sauver…

— Parbleu ! » fit Jean Taconnat.

Et quand il fut couché, lorsqu’il entendit certains rugissements retentir autour de la bourgade :

« Taisez-vous, sottes bêtes, qui passez le jour à dormir ! s’écria-t-il.

Puis, avant de fermer les yeux :

« Allons, il est écrit que je ne parviendrai pas à devenir le fils de cet excellent homme… ni même son petit-fils ! »

XIII

Dans lequel la reconnaissance et le désappointement de Jean Taconnat se mélangent à dose égale.

Daya, l’ancienne Sidi-bel-Khéradji des Arabes, — maintenant une ville entourée d’un mur crénelé, défendue par quatre bastions, — commande cette entrée des Hauts-Plateaux oranais.

Afin de reposer les touristes des fatigues de ces deux premiers jours, le programme avait prévu vingt-quatre heures de halte dans ce chef-lieu d’annexé. La caravane ne devait donc en repartir que le lendemain.

Du reste, il n’y aurait eu aucun inconvénient à y prolonger le séjour, car le climat de cette bourgade, à près de quatorze cents mètres d’altitude, au flanc de montagnes boisées, au milieu d’une forêt de pins et de chênes de quatorze mille hectares, jouit d’une salubrité exceptionnelle, qui est à juste titre très recherchée des Européens.