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du nord-ouest. Peut-être aussi cette portion du Tell oranais que la caravane allait parcourir est-elle moins montueuse que le Tell des provinces d’Alger et de Constantine. Mieux arrosées, ses plaines sont plus propres à la végétation, leur sol est de premier choix. Aussi se prêtent-elles à toutes les cultures, plus particulièrement à celle du coton, lorsqu’elles sont imprégnées de sel — et il y en a trois cent mille hectares dans ces conditions.

Du reste, sous le couvert de ces immenses forêts, la caravane devait voyager sans rien redouter des chaleurs estivales, déjà accablantes au mois de mai. Et quelle végétation variée, puissante, luxuriante, s’offrait aux regards ! Quel bon air on respirait, auquel tant de plantes odoriférantes mêlaient leurs parfums ! Partout, en fourrés, des jujubiers, des caroubiers, des arbousiers, des lentisques, des palmiers nains, — en bouquets, des thyms, des myrtes, des lavandes, — en massifs, toute la série des chênes d’une si grande valeur forestière, chênes-lièges, chênes-zéens, chênes à glands doux, chênes verts, puis des thuyas, des cèdres, des ormes, des frênes, des oliviers sauvages, des pistachiers, des genévriers, des citronniers, des eucalyptus, si prospères en Algérie, des milliers de ces pins d’Alep, sans parler de tant d’autres essences résineuses !

Très charmés, très gais, en cet état d’âme particulier au début de tout voyage, les excursionnistes firent avec entrain la première étape de leur itinéraire. Les oiseaux chantaient sur leur passage, et M. Dardentor prétendait que c’était l’aimable Compagnie des chemins de fer algériens qui avait organisé ce concert. Son méhari le portait avec les ménagements dus à un si haut personnage, et, bien que parfois un trot plus rapide le heurtât contre les deux bosses du ruminant, il affirmait n’avoir jamais trouvé monture plus douce et plus régulière.

« C’est très supérieur au canasson ! » affirma-t-il.

Cheval… pas canasson ! aurait dit Patrice, s’il eût été près de son maître.

« Vraiment, monsieur Dardentor, lui demanda Louise Elissane, cet animal ne vous paraît pas trop dur ?…