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à trois cents pieds de profondeur, s’élevait l’ancienne ville. Rien que des ruines de la forteresse du fameux conquérant arabe, qui eut le sort final de tous les conquérants.

Le groupe Dardentor rentra à l’hôtel pour l’heure du dîner, et, après le repas, chacun alla dans sa chambre respective terminer ses préparatifs en vue du départ.

Si Jean Taconnat dut passer encore cette journée par profits et pertes, Marcel Lornans, lui, put inscrire un heureux article à son actif. En effet, il avait eu l’occasion de s’entretenir avec Louise Elissane, de la remercier de ses soins…

« Ah ! monsieur, avait répondu la jeune fille, lorsque je vous ai vu inanimé, respirant à peine, j’ai cru que… Non ! je n’oublierai jamais… »

Il faut l’avouer, ces quelques mots étaient autrement significatifs que « la belle peur », dont avait parlé M. Dardentor.

XII

Dans lequel la caravane quitte Saïda et arrive à Daya.

Le lendemain, une heure avant le départ, le personnel et le matériel de la caravane attendaient à la gare l’arrivée des touristes. L’agent Derivas donnait ses derniers ordres. L’Arabe Moktani finissait de seller son cheval. Trois chars à bancs et un chariot, rangés au fond de la cour, les conducteurs sur le siège, étaient prêts à s’élancer au galop de leurs attelages. Une douzaine de chevaux et de mulets s’ébrouaient et piaffaient, tandis que deux paisibles chameaux, richement harnachés, étaient couchés sur le sol. Cinq indigènes, engagés pour la durée de l’excursion, accroupis en un coin, les bras croisés,