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« Le voilà… le voilà ! s’écria Clovis Dardentor. Le voilà au complet, avec toutes ses facultés respiratoires et stomacales… fraîchement échappé à la grillade ! »

Patrice détourna légèrement la tête, car ce fâcheux mot grillade lui semblait de nature à évoquer certaines comparaisons regrettables.

Mme Elissane accueillit Marcel Lornans par quelques mots assez aimables, et le félicita d’avoir échappé à cet effroyable danger…

« Grâce à M. Dardentor, répondit Marcel Lornans. Sans son dévouement… »

Patrice vit avec satisfaction que son maître se contenta de serrer la main du jeune homme sans rien répondre.

En ce qui concerne les Désirandelle, bouche pincée, physionomie sèche, face rébarbative, à peine s’inclinèrent-ils à l’entrée des deux Parisiens.

Quant à Louise Elissane, elle ne prononça pas une parole ; mais son regard croisa le regard de Marcel Lornans, et peut-être ses yeux en dirent-ils plus que n’auraient pu dire ses lèvres.

Après le déjeuner, M. Dardentor pria les dames de se préparer en les attendant. Puis, les deux jeunes gens et lui, MM. Désirandelle père et fils, se dirigèrent vers la gare.

Ainsi qu’il a été dit, le chemin de fer d’Arzeu à Saïda s’arrête à cette dernière ville, qui forme son terminus. Au-delà, à travers les terrains à alfa de la Société franco-algérienne, la Compagnie du Sud oranais a jeté sa ligne par Tafararoua jusqu’à la station de Kralfalla, d’où partent trois embranchements : l’un, exploité, descend par le Kreider jusqu’à Méchéria et Aïn-Sefra ; le deuxième, en construction, desservira la région de l’est dans la direction de Zraguet ; le troisième, en projet, doit, par Aïn-Sfissifa, se prolonger jusqu’à Géryville, dont l’altitude atteint près de quatorze cents mètres au-dessus du niveau de la mer.

Mais le voyage circulaire ne comprenait pas une pénétration si profonde vers le sud. C’est de Saïda que les touristes allaient s’avancer